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Une grande partie du cerveau est consacrée à la vision, il n’est donc pas surprenant que le traitement visuel soit couramment affecté lorsque le cerveau est endommagé. Selon le modèle classique de compréhension, les données de l’image provenant de la rétine sont transférées par les nerfs optiques et les corps géniculés latéraux au cortex occipital où l’image est » vue » ; et une atteinte de ce système entraîne une perte du champ visuel et une réduction des acuités visuelles. Cependant, les troubles du traitement visuel supérieur sont également courants et peuvent facilement passer inaperçus ou être mal diagnostiqués, mais il existe des caractéristiques comportementales typiques, facilement obtenues par une anamnèse structurée et validées par l’observation du comportement et des tests, qui permettent de poser le diagnostic1. Des stratégies peuvent alors être conçues pour répondre aux besoins de chaque enfant.2
Deux principales voies visuelles supérieures ont récemment été décrites, à savoir le courant dorsal et le courant ventral.3 Le courant dorsal passe entre les lobes occipitaux et les lobes pariétaux postérieurs. Cette unité cérébrale a pour fonction d’évaluer l’ensemble de la scène visuelle et (avec les lobes frontaux) de s’intéresser aux éléments de la scène. Elle facilite le guidage visuel immédiat du mouvement dans la scène, en interagissant avec l’aire V5 (ou les lobes temporaux moyens MT), la zone du cerveau responsable du traitement de la perception du mouvement. Le système du courant dorsal est automatique et inconscient. Il est « en ligne » et n’est pas basé sur la mémoire. Les dommages dans ce territoire cérébral sont associés à une série de comportements visuels décrits dans le tableau I.
Caractéristiques | Stratégies |
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Dysfonctionnement du courant dorsal | |
La difficulté à gérer la complexité de la scène visuelle entraîne des problèmes : | |
Trouver un jouet sur un fond à motifs | Utiliser des draps et des tapis unis |
Trouver un jouet dans un coffre à jouets | Ranger les jouets séparément (avec un rangement linéaire. linéaire) |
Retrouver des vêtements dans un tiroir ou dans une pile | Ranger les vêtements séparément dans des compartiments |
Voir un objet éloigné (car il y a plus à voir) | S’approcher. Réduire le désordre autour du tableau noirPartager l’écran d’une caméra numérique/vidéo |
Retrouver quelqu’un dans un groupe | Porter des vêtements vifs, faire des signes, et parlerAdopter une stratégie de copain ou une stratégie similaire pour la cour de récréation |
S’égarer dans des endroits bondés | S’entraîner à chercher et à se rappeler des points de repère |
Détresse dans des endroits bondés | Arriver tôt aux fêtesFaire du shopping quand c’est calme |
Lecture | Élargir et espacer le texte. Masquer le texte environnantPorter une correction complète des lunettes pour l’hypermétropie afin d’obtenir un grossissement. Utiliser des loupes |
Les difficultés de guidage visuel des mouvements entraînent des problèmes : | |
Avec une portée et une préhension imprécises | Utiliser le guidage tactile avec l’autre main dans le cadre de l’ergothérapie Atteindre au-delà et rassembler |
Difficulté à marcher sur un sol inégal et des marches malgré une vision directe et une bonne fonction motrice | Proviser un guidage tactile à la hauteur du sol devant, comme l’utilisation d’un landau-jouet ou permettre de s’accrocher aux vêtements d’un accompagnateur (tout en tirant vers le bas) |
La difficulté « double tâche » cause des problèmes : | |
Franchissement d’obstacles lorsqu’on parle en marchant Frustration marquée lorsqu’on est distrait de la tâche | Limiter la conversation en marchantLimiter le fouillis et l’activité en arrière-plan |
Dysfonctionnement du courant ventral | |
La difficulté de reconnaissance cause des problèmes : | |
Reconnaître les gens et savoir qui est inconnu | La famille et les amis se présentent et portent des identifiants |
Comprendre le langage de l’expression faciale | La langue est utilisé pour expliquer les émotions |
Reconnaître les formes et les objets et leur alignement | Inclure une formation à la reconnaissance tactile par des méthodes aveugles |
Les difficultés d’orientation causent des problèmes : | |
Navigation à l’intérieur de la maison | Utiliser un code de couleurs pour les portesPoser des traces de pas sur le sol pour les suivre |
Navigation à l’extérieur | Créer des des chansons et des poèmes pour les itinéraires |
Le courant ventral passe entre les lobes occipitaux et les lobes temporaux où sont stockées les « bibliothèques d’images ». La reconnaissance des visages, des formes, des objets et des itinéraires est obtenue en faisant correspondre ce qui est vu, avec ce qui est stocké dans la « bibliothèque ». Une correspondance conduit à la reconnaissance. Le tableau I présente les problèmes visuels résultant d’une atteinte de ce territoire. Chez les enfants, les atteintes du flux dorsal sont plus fréquentes que celles du flux ventral.
Le complexe de symptômes du dysfonctionnement du courant dorsal, qui est associé à une série de pathologies affectant la zone pariétale postérieure, varie en caractère et en sévérité. Il peut être associé à des acuités visuelles et des champs visuels légèrement ou significativement altérés, et peut également être associé à des degrés divers de paralysie cérébrale. On a récemment montré qu’elle était fréquente chez les enfants présentant une lésion de la substance blanche périvectique,4 chez ceux nés très prématurément,5 et chez ceux atteints du syndrome de Williams.6 Le dysfonctionnement du flux ventral est moins fréquent et il existe généralement un dysfonctionnement concomitant du flux dorsal.
On assiste à l’émergence d’un complexe spécifique de symptômes de dysfonctionnement du courant dorsal, qui comprend une difficulté à gérer la complexité d’une scène visuelle (à un degré variable), et qui peut inclure une altération du guidage visuel des membres (ataxie optique), éventuellement associée à des acuités visuelles réduites, une altération du champ visuel homonyme (en particulier inférieurement), et occasionnellement une altération supplémentaire de la reconnaissance (qui pourrait être considérée comme un » dysfonctionnement du courant dorsal plus « ). L’article d’Ortibus et al. publié dans ce numéro apporte des preuves objectives supplémentaires à l’appui de l’existence de ce nouveau complexe de symptômes de déficience visuelle perceptive, spécifique aux enfants et résultant d’un large éventail de pathologies cérébrales.