Par : Dr Jenna Koschnitzky, directrice nationale des programmes de recherche
Le contexte
Beaucoup de gens ont entendu parler d’une nouvelle procédure appelée troisième ventriculostomie endoscopique avec coagulation du plexus choroïde (ETV-CPC). En Afrique, l’ETV-CPC a été utilisée efficacement pour traiter l’hydrocéphalie et réduire le nombre de nourrissons dépendants des shunts. La pression pour réduire la dépendance aux shunts est particulièrement forte en Afrique car, une fois traités, de nombreux enfants ne sont pas en mesure de revenir rapidement dans une clinique de neurochirurgie pour des révisions urgentes. L’avantage de l’ETV-CPC est que, si elle est réussie, les enfants sont moins susceptibles de nécessiter des révisions ultérieures et, contrairement à l’ETV seul, elle semble fonctionner raisonnablement bien chez les enfants de moins de 2 ans.
Ces dernières années, de nombreux neurochirurgiens des États-Unis et du Canada se sont rendus en Afrique pour apprendre cette technique chirurgicale, y compris de nombreux neurochirurgiens du Réseau de recherche clinique sur l’hydrocéphalie (HCRN). Ces neurochirurgiens ont ensuite commencé à pratiquer cette intervention sur des nourrissons dans leurs hôpitaux d’origine. Cependant, les raisons pour lesquelles les nourrissons d’Amérique du Nord développent une hydrocéphalie sont souvent différentes des raisons pour lesquelles les nourrissons d’Afrique développent une hydrocéphalie. Par conséquent, il n’était pas clair si l’ETV-CPC apportait un bénéfice aux nourrissons en Amérique du Nord.
L’étude
Pour déterminer si l’ETV-CPC apportait un bénéfice par rapport à l’ETV seul ou au placement d’une dérivation, le HCRN a décidé de mener une étude. Cette étude a été récemment publiée dans le Journal of Neurosurgery : Pediatrics. L’auteur principal de l’étude était le Dr Abhaya Kulkarni de l’Hôpital pour enfants malades de l’Université de Toronto.
Les résultats
Dans cette étude, l’ETV-CPC s’est avéré sûr. Le HCRN a rapporté de faibles taux de complications pendant l’opération et de faibles taux de complications après l’opération.
Un point préoccupant était le taux de 5 % de convulsions postopératoires. Celles-ci sont principalement survenues chez de très jeunes nourrissons (moins d’un mois d’âge corrigé). Dans l’ensemble, le taux de réussite à six mois de l’ETV-CPC était de 36 %. Les nourrissons qui étaient plus âgés, dont les ventricules étaient plus petits et dont le plexus choroïde était cautérisé en plus grande quantité avaient tendance à avoir des taux de réussite plus élevés.
Par rapport aux nourrissons qui avaient reçu une dérivation, l’ETV-CPC avait un taux de réussite à six mois plus faible (ETV-CPC : 36 % par rapport à la dérivation : ~76 %). Dans cette étude, les auteurs ont comparé les nourrissons ayant reçu une ETV-CPC à des nourrissons similaires ayant reçu une dérivation. Cela garantit que les groupes comparés étaient similaires. Comparé à l’ETV seul, l’ETV-CPC avait un taux de réussite similaire. Cependant, il était plus difficile d’apparier les nourrissons pour l’ETV-CPC et l’ETV seul, de sorte que ces groupes étaient plus petits et n’incluaient pas de nombreux types importants d’hydrocéphalie.
Les conclusions
Il s’agissait d’une étude prospective utilisant des données de haute qualité provenant du HCRN. L’ETV-CPC s’est avéré sûr. Les nourrissons qui avaient tendance à avoir un plus grand succès de l’ETV-CPC étaient plus âgés, avaient des ventricules plus petits et avaient plus de plexus choroïdes cautérisés. Six mois après la chirurgie initiale, le taux de réussite de l’ETV-CPC était inférieur au taux de réussite des shunts. Cependant, il peut encore y avoir un avantage significatif à long terme de l’ETV-CPC pour certains nourrissons.
Pour accéder à l’article original, veuillez visiter : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29243972
L’article sera également accessible sur le site du HCRN : https://hcrn.org/research/publications/