Si vous étudiez l’histoire du théâtre, il est acquis que Shakespeare fera une apparition. Mais il n’est pas acquis que vous tomberez sur la France du 17ème siècle et les œuvres de Molière.
Comment était le théâtre au 17ème siècle en France ?
Le théâtre au 17ème siècle en France était défini par des règles. Des règles de société et de structure, ainsi que des règles de langage, de comportement des personnages et d’histoire. Ce contrôle placé sur la créativité semble étrange lorsqu’on examine la France du 17ème siècle dans son ensemble, considérant que cette période était caractérisée par de grands changements et transformations. Il y avait la guerre, ainsi que des avancées culturelles et scientifiques. Il y avait aussi un fossé croissant entre l’aristocratie et les classes inférieures, ce qui a contribué à alimenter la Révolution française plus tard au 18ème siècle.
Au début du siècle, les influences théâtrales venaient d’Italie. Les compagnies de commedia italiennes étaient populaires et faisaient de fréquentes tournées – Molière a été fortement influencé par la Commedia dell’arte. L’architecture des théâtres en France s’inspire de la conception italienne. Les pièces étaient jouées deux à trois fois par semaine et, contrairement à l’Angleterre, les femmes étaient autorisées à monter sur scène.
L’esthétique théâtrale déterminante était le néoclassicisme. Les pièces de théâtre devaient être soumises à l’Académie française pour déterminer si elles suivaient les idéaux néoclassiques.
Qu’est-ce que le néoclassicisme ?
- Inspiré par la Grèce et la Rome antiques.
- Adhésion aux principes d’Aristote d’unité de temps et d’espace : un seul décor, une seule histoire, et l’action était limitée à 24 heures.
- Les pièces suivaient une forme en cinq actes.
- Utilisation d’effets spéciaux et de mises en scène élaborées.
- Le decorum devait être respecté : les personnages étaient réels (par exemple, pas de fantômes) et se comportaient selon leur statut. Les histoires étaient crédibles.
- La moralité, les bonnes manières et le bon goût étaient essentiels.
- Les pièces ne mélangeaient pas la comédie et le drame.
- Les comédies doivent se terminer de façon heureuse. Les tragédies doivent se terminer par la mort.
- Les personnages comiques doivent être issus des classes moyennes et inférieures. Le héros d’une tragédie doit être de la classe noble.
- Le but d’une pièce de théâtre était de divertir et de fournir une morale.
Qui est Molière?
Molière est né à Paris le 15 janvier 1622 et est mort le 17 février 1673. Molière est un nom de scène ; son nom de naissance était Jean-Baptiste Poquelin et il était l’aîné de six enfants. Son père était un tapissier qui a acheté le titre de tapissier royal avec l’intention de transmettre cette nomination royale à Molière, qui avait d’autres idées. La mère de Molière, Marie Cresse, meurt lorsqu’il a 12 ans.
À quatorze ans, il entre au collège de Claremont, puis étudie le droit à l’université d’Orléans. Mais sa vie prend un tournant en 1643 lorsqu’il crée une compagnie de théâtre, l’Illustre Théâtre. Il est à la fois acteur et metteur en scène. La compagnie échoue et Molière se retrouve en prison pour dettes. A sa sortie, la troupe passe treize ans à parcourir les provinces. C’est alors que Molière commence à écrire des pièces. Il a appris son métier par la production et la représentation.
À son retour à Paris en 1658, Molière (qui avait désormais pris le nom de scène pour que sa famille ne soit pas gênée) et sa compagnie ont pu se produire devant le roi. C’est un moment important car les compagnies de théâtre n’étaient pas autorisées à se produire à Paris sans permission. C’est le début de la carrière théâtrale de Molière à Paris et de son parrainage par le roi Louis XIV. Ce patronage a souvent sauvé Molière des critiques sévères sur sa vie et son œuvre. Il s’étendait même jusqu’à ce que le roi soit le parrain de ses enfants.
Molière est mort de la tuberculose. Selon la mythologie, il serait tombé malade au milieu d’une représentation de L’Invalide imaginaire et serait mort peu après.
Plateaux majeurs
- L’école des maris (1661)
- L’école des femmes (1662)
- Tartuffe (1664)
- Le Misanthrope (1666)
- L’Avare (1668)
- Le Bourgeois gentilhomme. (1670)
- Les Dames savantes (1672)
- L’Invalide imaginaire (1673)
Le style d’écriture de Molière
L’écriture de Molière est très influencée par la commedia dell’arte mais son style se développe à partir de cette influence. Il est souvent relégué au rôle de dramaturge comique et frivole, peut-être parce que ses pièces prospèrent dans leur action physique et leurs dialogues hargneux. Mais cette interprétation passe à côté du niveau de satire sociale mordante qu’il a apporté à son œuvre.
Il a écrit sur les défauts de l’humanité, l’humanité qu’il voyait tout autour de lui chaque jour. Il a créé des personnages remplis d’extrêmes : misérables, hypocrites, hypocondriaques, misanthropes. Ces personnages étaient tellement poussés par leurs extrêmes qu’ils traversaient leurs histoires avec des œillères, incapables de faire autre chose que d’extérioriser leur défaut fatal. Il y a toujours des personnages qui s’opposent à ces extrêmes dans l’œuvre de Molière, exprimant la voix modérée. Parce qu’il se moquait des classes supérieures, il avait beaucoup d’ennemis. Il s’est également fait un grand ennemi dans l’église. À un moment donné, l’archevêque a menacé d’excommunier quiconque verrait, jouerait ou même lirait Tartuffe.
Molière a écrit à une époque de règles. Le néoclassicisme n’était pas seulement encouragé, il était appliqué. Et bien que Molière soit considéré comme un dramaturge néoclassique, il allait souvent à l’encontre des règles de la forme. Par exemple, la servante Dorine dans Tartuffe parle avec une sagesse bien supérieure à son rang, ce qui va à l’encontre du principe néoclassique de bienséance. De même, le deus ex machina de la fin de Tartuffe, où un dieu (ou dans cette pièce, le roi) plonge et sauve la pièce à la dernière minute, n’était pas conforme aux règles néoclassiques. Le Misanthrope n’était ni une comédie stricte, ni une tragédie. Dans le monde néoclassique, les personnages qui présentaient un comportement extrême étaient censés se racheter et retourner dans le giron d’un comportement modéré. Bien que le personnage principal de Tartuffe soit arrêté pour son hypocrisie religieuse à la fin de la pièce, rien n’indique qu’il ait changé ses habitudes.
Molière et Shakespeare
Il existe de nombreux parallèles entre Shakespeare et Molière. Tous deux ont joué dans leurs propres pièces, ont joué un rôle dans la gestion d’une compagnie théâtrale et ont bénéficié du patronage royal. Ils aimaient tous deux jouer avec le langage.
Il semble cependant que Molière se soit retrouvé plus souvent que Shakespeare face à des critiques et à la critique. Ses pièces touchaient souvent de trop près à la réalité. Shakespeare a peut-être trouvé plus facile d’équilibrer l’écriture de ce qu’il voulait dire tout en apaisant l’église et l’état. Si Shakespeare voulait critiquer le présent, il le faisait en mettant en scène un passé lointain. Molière écrivait pour l’ici et maintenant de son monde, c’est pourquoi il a provoqué un tel tumulte. La seule chose qui a sauvé Molière dans de nombreux cas était sa faveur auprès du roi Louis XIV.
La plus grande chose que Shakespeare et Molière ont en commun aujourd’hui, c’est que nous les lisons encore, que nous parlons d’eux et que nous produisons leurs œuvres. Cela en dit long sur l’universalité de Molière – je pense que cela réside carrément dans ses personnages. Ils font des choses et disent des choses auxquelles nous pouvons nous identifier aujourd’hui, même si elles se déroulent dans un autre siècle.
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