Kératose lichénoïde : Un piège clinique sans secret pour la microscopie confocale à réflectance

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Abstract

La kératose lichénoïde, également définie comme une kératose lichénoïde bénigne, a été reclassée en kératose de type lichen plan par Shapiro et Ackerman. Les caractéristiques cliniques et dermoscopiques de la kératose de type lichen plan peuvent varier, ne fournissant souvent pas d’informations utiles et nécessaires pour poser un diagnostic précis sans effectuer une biopsie ou un examen histologique. Nous décrivons deux cas de kératose de type lichen plan difficile à détecter dans lesquels nous avons réalisé une microscopie confocale à réflectance. Nous soulignons l’utilité de cet outil de diagnostic non invasif dans les cas peu clairs de kératose de type lichen planus.

© 2020 Le(s) auteur(s). Publié par S. Karger AG, Bâle

Introduction

La kératose lichénoïde (LK), également connue sous le nom de LK bénigne, kératose de type lichen plan (LPLK) ou plaque lichénoïde involutive, a été décrite pour la première fois en 1966 comme une forme solitaire de lichen plan. Elle a ensuite été reclassifiée en LPLK par Shapiro et Ackerman. Les caractéristiques cliniques et dermoscopiques du LK peuvent varier, ne fournissant souvent pas d’indications utiles et nécessaires pour réaliser un diagnostic précis sans effectuer une biopsie ou un examen histologique. Nous décrivons ici 2 cas de LPLK évalués au moyen de la dermoscopie et de la microscopie confocale à réflectance (MCR).

Rapports de cas

Une femme de 65 ans, sans antécédents familiaux de cancer de la peau, a présenté une lésion solitaire rose-violet sur la jambe depuis 2 ans (Fig. 1a). La lésion s’incrustait sporadiquement. A la dermoscopie, elle présentait un aspect non spécifique de tumeur cutanée bénigne ou maligne. Elle montrait la présence de multiples motifs vasculaires polymorphes (vaisseaux linéaires, en boucle et enroulés) répartis dans l’ensemble de la lésion ainsi que des points et des mottes de couleur blanche et orange (Fig. 1b). L’examen par RCM a révélé un motif alvéolaire typique au niveau des couches épineuses et granuleuses de l’épiderme, avec plusieurs structures sombres rondes-ovales correspondant à des ouvertures de type comédon, et la présence de cordons allongés correspondant à un épiderme acanthosique (hyperplasique) bombant contre les papilles tassées (Fig. 1c). La MRC a également montré un infiltrat inflammatoire au niveau de la jonction dermo-épidermique, près des papilles bombées (Fig. 1d). Deux blocs de RCM ont illustré la présence de cellules inflammatoires et de mélanophages. Ces caractéristiques ont fortement suggéré un diagnostic de lésion kératosique bénigne inflammatoire ou régressive. L’examen histopathologique a confirmé le diagnostic de LPLK (Fig. 1e).

Fig. 1.

a Examen clinique d’une lésion ovale rose-violet de la jambe chez une femme de 65 ans. b La dermoscopie a montré la présence d’un motif vasculaire polymorphe (vaisseaux linéaires, en boucle et enroulés) (flèches rouges). Des points et des mottes de couleur blanche et orange peuvent être détectés (flèches blanches). c La mosaïque RCM (3 × 3 mm) a révélé un motif alvéolaire typique au niveau des couches épineuses et granuleuses de l’épiderme, avec plusieurs structures ovales rondes et sombres correspondant à des ouvertures de type comédon et la présence de cordons allongés correspondant à un épiderme hyperplasique, bombés contre les papilles tassées. d On peut également observer un infiltrat inflammatoire dans la couche épidermique (flèches). e Bloc RCM montrant un infiltrat inflammatoire plus proche de l’épaississement de l’épiderme. f L’examen histopathologique illustre une hyperkératose, une hypergranulose et une acanthose variable avec une parakératose focale de l’épiderme. Un infiltrat inflammatoire lymphohistiocytaire dense dans une disposition horizontale en bande est également présent.

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La deuxième lésion a été signalée chez un homme de 45 ans. La dermoscopie a révélé un motif vasculaire polymorphe sur un fond rose tendre et quelques zones brun clair en bordure qui n’ont pas pu être rattachées à un véritable réseau pigmentaire (figure 2a). Ces caractéristiques n’étaient pas spécifiques et ne permettaient pas de poser avec certitude un diagnostic clinique de lésion bénigne ou maligne. Nous avons réalisé une MRC montrant la présence d’un motif alvéolaire typique lié à plusieurs structures rondes ovales sombres et hyper réfléchissantes, attribuables à des ouvertures de type comédon (Fig. 2b). De plus, une mosaïque RCM réalisée à un niveau plus profond a révélé la présence de cordons allongés, de projections bulbeuses et, au sein des espaces interpapillaires, de plusieurs cellules rondes brillantes, cellules inflammatoires vives (Fig. 2c).

Fig. 2.

a Image dermoscopique montrant des zones roses sans structure. b La mosaïque RCM a montré la présence de structures ovales hyper réfléchissantes correspondant à des ouvertures de type comédonien. c La mosaïque RCM réalisée à un niveau plus profond a illustré des cordons allongés, des projections bulbeuses et, dans les espaces interpapillaires, plusieurs cellules rondes brillantes, consistant en un infiltrat inflammatoire vif.

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Discussion

L’analyse dermoscopique ne soutient pas un diagnostic fiable dans ces cas en raison de l’absence de critères spécifiques compatibles avec une lésion mélanocytaire. Une approche antérieure par étapes de l’ICR pour les lésions roses solitaires par Gill et Gonzalez a facilité le diagnostic approprié. Après l’examen par RCM, l’excision chirurgicale des lésions pour une analyse histopathologique confirme le diagnostic RCM de LK. A notre connaissance, il n’existe qu’un seul cas décrit par Nagrani et al. rapportant l’utilité de la MCR pour détecter un cas non clair de LPLK. En raison de cette difficulté, les diagnostics erronés de LK sont très fréquents. Zaballos et al. ont rapporté 24 cas du schéma dermoscopique du stade intermédiaire de la kératose séborrhéique régressant en LK, suggérant la présence dans 63% de BCC, dans 24% de carcinome spinocellulaire, dans 6% de kératose séborrhéique, et dans 1% de divers. Dans nos cas, la dermoscopie n’a pas révélé de pigment gris périphérique ou d’autre élément strictement lié au diagnostic de LPLK, mais seulement la présence d’un motif vasculaire polymorphe et de quelques points et mottes blanc-brun. Nagrani et al. ont rapporté l’utilité de la RCM et de la dermoscopie dans le diagnostic du LPLK difficile à détecter, en discutant des différents stades de régression, qui donnent lieu à des apparences différentes. Seules quelques données sont publiées sur les pièges de la MCR des LPLK difficiles à détecter, confirmant des aspects de la MCR similaires à notre expérience. En particulier, le motif typique de l’alvéolage se rapportait à plusieurs structures ovales rondes, sombres et hyperréfléchissantes, attribuables à des ouvertures de type comédon. De plus, il y avait quelques cellules rondes brillantes compatibles avec une inflammation, situées dans les espaces interpapillaires, et de nombreuses taches brillantes-stellées ou des cellules brillantes dodues dans le derme superficiel. Ramirez-Fort et al. ont également signalé l’absence de papilles discernables compatibles avec un néoplasme épidermique (c’est-à-dire, kératose séborrhéique), émoussant le contour régulier de la jonction dermo-épidermique et permettant un diagnostic correct .

Conclusion

En conclusion, la MRC est un outil utile pour diagnostiquer les cas difficiles de LK, révélant des caractéristiques invisibles aux approches dermoscopiques.

Déclaration d’éthique

Les sujets ont donné leur consentement éclairé pour la publication de leur cas (y compris la publication d’images), et le protocole de l’étude a été approuvé par le comité de l’institut sur la recherche humaine.

Déclaration de divulgation

Les auteurs ne signalent aucun conflit d’intérêts lié à ce travail.

Sources de financement

Aucune.

Contributions des auteurs

Dr, T.C., C.L., M.D.P., V.V., et les professeurs E.C., S.G., L.B. ont contribué à la conception ou au design du travail ; ou à l’acquisition, l’analyse ou l’interprétation des données pour le travail ; ET à la rédaction du travail ou à sa révision critique pour le contenu intellectuel important ; ET à l’approbation finale de la version à publier ; ET à l’accord pour être responsable de tous les aspects du travail en s’assurant que les questions liées à l’exactitude ou à l’intégrité de toute partie du travail sont examinées et résolues de manière appropriée.

  1. Shapiro L, Ackerman AB. Kératose solitaire ressemblant à un lichen plan. Dermatologica. 1966;132(5):386-92.
    Ressources externes

    • Crossref (DOI)
    • Pubmed/Medline (NLM)

  2. Gill M, González S. Éclairer le rose : Utilisation de la microscopie confocale dans les lésions roses. Dermatol Clin. 2016 Oct;34(4):443-58.
    Ressources externes

    • Pubmed/Medline (NLM)
    • Crossref (DOI)

  3. Nagrani N, Jaimes N, Oliviero MC, Rabinovitz HS. Kératose semblable au lichen plan : applicabilité clinique de la microscopie confocale à réflectance in vivo pour une lésion cutanée indéterminée. Dermatol Pract Concept. 2018 Jul;8(3):180-3.
    Ressources externes

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  4. Ramirez-Fort MK, Al Jalbout S, Kittler H, Pellacani G, Ramirez-Fort MK. Kératose lichénoïde : imagerie non invasive dans le cadre de l’incertitude diagnostique. Dermatol Pract Concept. 2013 Apr;3(2):63-5.
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    • Pubmed/Medline (NLM)
    • Crossref (DOI)

  5. Zaballos P, Blazquez S, Puig S, Salsench E, Rodero J, Vives JM, et al. Modèle dermoscopique du stade intermédiaire de la kératose séborrhéique régressant en kératose lichénoïde : rapport de 24 cas. Br J Dermatol. 2007 Aug;157(2):266-72.

Contacts de l’auteur

Sara Mazzilli

Viale Oxford 81

Université de Rome, Tor Vergata

IT-00183 Rome (Italie)

[email protected]

Article / Détails de la publication

Reçu : 27 décembre 2019
Acceptée : 19 février 2020
Publié en ligne : 20 mars 2020
Date de parution : janvier – avril

Nombre de pages imprimées : 5
Nombre de figures : 2
Nombre de tableaux : 0

eISSN : 1662-6567 (en ligne)

Pour plus d’informations : https://www.karger.com/CDE

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