Le Congressional Budget Office, ou CBO, a publié mercredi 29 janvier son dernier « Budget and Economic Outlook » qui couvre la période 2020 à 2030. Le rapport de 88 pages projette les recettes et les dépenses du gouvernement fédéral pour calculer les déficits fédéraux annuels et la dette totale, et il prévoit diverses métriques économiques telles que le taux de croissance des économies et les chiffres de l’emploi.
Le président Obama est entré en fonction au début de 2009 dans les dents de la Grande Récession. Sans surprise, le déficit a explosé, passant de 459 milliards de dollars pour l’année civile 2008 à plus de 1,4 billion de dollars pour l’année civile 2009. Avec la reprise de l’économie, les déficits se sont réduits à un minimum de 442 milliards de dollars en 2015 et étaient de 585 milliards de dollars sa dernière année au pouvoir.
Le président Trump a en revanche reçu une économie en pleine croissance. En 2017, sa première année au pouvoir, le déficit est passé à 666 milliards de dollars, il était de 984 milliards de dollars l’année dernière et devrait dépasser 1 000 milliards de dollars en 2020, à 1 020 milliards de dollars. Il s’agirait d’une augmentation de 74% en seulement quatre ans et, à l’avenir, le déficit fédéral pourrait grimper à 1,7 trillion de dollars en 2030.
Lorsque l’on compare les trois dernières années de la présidence d’Obama par rapport aux trois premières années de Trump, les déficits de ce dernier seront supérieurs de près de 1 000 milliards de dollars, soit 2,47 billions de dollars contre 1,51 billion de dollars pour Obama. Il ne semble pas que les réductions d’impôts de Trump seront rentables.
Des déficits sans précédent alors que l’économie est en croissance
Le déficit fédéral devrait représenter 4,6 % du PIB au cours de l’exercice 2020 alors que le taux de croissance réel de l’économie devrait être de 2,2 %. Ce taux de croissance est en ligne avec la croissance de l’économie à essentiellement 2,1% les trois derniers trimestres.
Comme le montrent les deux graphiques ci-dessous, depuis 1970, les seules fois, jusqu’à présent, où le déficit a été supérieur à 4% du PIB est quand il y a eu une récession.
La situation d’une économie en croissance qui connaît des déficits plus importants en pourcentage de l’économie n’est pas positive. C’est d’autant plus préoccupant qu’il y aura éventuellement un affaiblissement de l’économie, ce qui pourrait faire exploser le déficit puisque les recettes diminuent et les dépenses augmentent.
Les paiements d’intérêts deviennent presque la moitié des déficits annuels en 2030
Ce qui devient très effrayant dans les projections de déficit, c’est la quantité de dépenses gouvernementales qui seront juste pour les paiements d’intérêts. Au cours de l’exercice 2020, les paiements d’intérêts sur la dette fédérale sont estimés à 382 milliards de dollars et devraient passer à 819 milliards de dollars en 2030. Cela augmente leur part des dépenses totales de 8,2% des dépenses gouvernementales totales en 2020 à 10,9% en 2030.
Dans l’exercice 2020 se terminant en septembre, les paiements d’intérêts sont estimés à 1,7% du PIB total des États-Unis. Cela augmente à 2,0 % au cours de l’exercice 2024 et à 2,6 % au cours de l’exercice 2030. Au-delà de 2030, la dette fédérale continuera à augmenter, ce qui obligera les paiements d’intérêts à augmenter à la fois en dollars et en pourcentage du PIB.
La dette fédérale pourrait atteindre 100% du PIB en 2030 et 180% en 2050
A mesure que le gouvernement américain enregistre des déficits de 4% ou plus du PIB, le montant de la dette qu’il doit en pourcentage du PIB va grimper. Le CBO prévoit qu’elle atteindra 98 % du PIB en 2030 et le Comité pour un budget fédéral responsable estime qu’elle pourrait atteindre 107 % si les parties expirantes des réductions d’impôts de Trump sont prolongées.
Maya MacGuineas, présidente du Committee for a Responsible Federal Budget a déclaré : « Un déficit de mille milliards de dollars n’est pas une étape dont on peut être fier, ni une étape à balayer du revers de la main. Plus de la moitié du déficit est due au choix des décideurs politiques d’emprunter pour financer les récentes réductions d’impôts et augmentations de dépenses. Le rapport du CBO confirme que non seulement nous sommes dans des eaux inconnues, mais que nous laissons également aux générations futures un fardeau incroyable. »
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