Le récit évangélique du voyage et de la visite de Marie à sainte Elisabeth. Il fait partie de l’évangile de l’enfance de Luc et doit donc être interprété dans le contexte plus large de la théologie de Luc ch. 1-2. L’incident suit immédiatement l’annonciation, à l’occasion de laquelle Marie a appris que sa cousine Elisabeth avait conçu un enfant (Lc 1.36).
Récit évangélique. Marie se rendit en hâte, (ou peut-être, comme le suggère C. Stuhlmueller, « en profonde réflexion ») dans la montagne de Judée, à la maison de Zacharie (1.39). Il n’y a aucune certitude quant à l’emplacement exact de la ville, mais depuis le VIe siècle, la tradition la situe à environ six miles à l’ouest de Jérusalem (voir C. Kopp, 90-96).
L’incident est relaté très simplement. Marie entre dans la maison et salue Elisabeth. Dès qu’Elisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant dans son sein bondit de joie, et Elisabeth fut remplie de l’Esprit Saint (1,40-41). La joie et l’effusion de l’Esprit sont deux signes de l’avènement de l’ère messianique. Élisabeth s’écria : » Tu es bénie entre toutes les femmes et le fruit de tes entrailles est béni ! Comment ai-je mérité que la mère de mon Seigneur vienne à moi ? Car dès que le son de ta salutation est parvenu à mes oreilles, l’enfant qui était dans mon sein a tressailli de joie » (Lc 1, 42-44). Puis Élisabeth loue la foi de Marie, qui est ici mise en relief (Lc 1, 45). Marie n’a pas été appelée bienheureuse à cause de l’accomplissement futur de ce qui était proposé pour sa foi, mais à cause de sa foi elle-même (M.J. Lagrange). Elisabeth exalte Marie comme plus tard son fils, Jean le Baptiste, exaltera le Fils de Marie. L’éloge de la foi de Marie rappelle un thème messianique très important de l’Ancien Testament, souligné par Isaïe, qui reçoit son appel à la foi juste avant son oracle concernant emmanuel (Is 7,14).
Marie répond à Elisabeth par son magnificat. Elle est restée auprès de sa cousine pendant trois mois. Bien qu’à première vue le texte semble indiquer que Marie a quitté la maison de Zacharie avant la naissance de Jean (Lc 1.56), cela aurait été peu probable, puisqu’elle était allée assister son cousin. Luc avait l’habitude stylistique de terminer un incident avant de commencer le récit d’un autre.
Théologie. L’utilisation allusive de textes de l’Ancien Testament pour communiquer un sens théologique plus profond est évidente ici. Marie, la Vierge fille de Sion, la demeure de Yahvé, et la personnification eschatologique parfaite d’Israël, est présentée dans le récit de la Visitation comme la nouvelle arche de l’alliance. Il y a une dépendance littéraire marquée à l’égard de 2 Sm 6.9-15, qui raconte l’histoire de l’apport de l’arche à Jérusalem par David. Comme David et son peuple se sont réjouis en présence de l’arche (2 Sm 6, 12-15), Elisabeth et son enfant à naître se sont réjouis en présence de Marie. Comme David a sauté de joie devant l’arche (2 Sm 6, 14), ainsi a fait Jean dans le sein de sa mère (Lc 1, 44). Le cri de David : « Comment l’arche du Seigneur arrivera-t-elle jusqu’à moi ? » (2 Sm 6.9), est repris par celui d’Élisabeth, « Comment ai-je mérité que la mère de mon Seigneur vienne à moi ? ». (Lc 1, 43), qui est probablement une paraphrase des paroles de David. De même que l’arche est restée trois mois dans la maison d’Obededom (2 Sm 6.11), de même Marie est restée trois mois dans la maison de Zacharie (Lc 1.56).
La personne de Marie est mise en relief tout au long du récit. C’est Marie qui salue Elisabeth, et c’est après avoir entendu la salutation de Marie qu’Elisabeth la salue comme la Mère de son Seigneur. L’honneur vient à Élisabeth parce que c’est la visite de la Mère du Seigneur.
Dans Liturgie et art. La fête de la Visitation, d’origine médiévale, avait été célébrée par l’ordre franciscain avant d’être étendue à l’Église universelle par Urbain VI en 1389. La date de la célébration a été fixée au 2 juillet par le Concile de Bâle en 1441. Les textes liturgiques actuels datent de la réforme de Clément VIII (1592-1605). En remerciement de son retour sain et sauf dans les États pontificaux en 1850, Pie IX a élevé la fête à un rang supérieur.
Il n’existe aucune trace de la représentation de la Visitation dans les Catacombes. Les premières représentations datent des Ve et VIe siècles. La Visitation a été un sujet populaire dans l’art depuis la fin du Moyen Âge jusqu’à l’époque moderne, mais particulièrement aux 15e et 16e siècles. Si les scènes secondaires de l’histoire, telles que le voyage de Marie à travers les montagnes, l’assistance à la naissance de Jean ou le retour à Nazareth après son voyage, sont occasionnellement représentées, les représentations les plus fréquentes sont celles de la rencontre des deux femmes. Dans certaines peintures du XVIe siècle, les deux nourrissons sont en fait représentés de manière visible dans le ventre de leur mère.
Bibliographie : r. laurentin, Structure et théologie de Luc I-II ÉtBibl (Paris 1957). m. j. lagrange, Évangile selon Saint Luc (Paris 1927). c. stuhlmueller, The Gospel of St. Luke (Collegeville, MN 1960). Encyclopedic Dictionary of the Bible, traduit et adapté par l. hartman (New York, 1963) 1059-61. l. rÉau, Iconographie de l’art chrétien, 6 v. (Paris 1955-59) 2.2:195-210. c. kopp, The Holy Places of the Gospels, tr. r. walls (New York 1963) 90-96.