Tout semble simple dans les premières années. Le battement est la pulsation régulière de la musique, et le rythme est la variation des durées de ce qui est chanté ou joué. Grâce au mouvement, les élèves apprennent la différence entre la pulsation et le rythme en marchant sur la pulsation et en tapant sur le rythme. Comme ils ne font pas la même chose avec leurs pieds et leurs mains, il est facile de faire comprendre qu’ils ne sont pas identiques. La question se complique lorsque les élèves grandissent. Vers onze ans, ils développent leurs propres préférences musicales et s’attachent davantage à la musique de la culture populaire. Avec ce changement dans leur rapport à la musique et à leurs pairs, les élèves commencent à parler du rythme d’une manière différente. Ils utilisent ce mot pour décrire l’effet rythmique global de la musique sur eux, une compréhension plus précisément décrite comme le groove. Le groove est l’effet combiné du battement et du rythme sur le corps ; c’est un mot qui décrit comment notre corps répond à la musique par le mouvement. En étiquetant le groove comme battement, on glose sur la structure rythmique de la musique, ce qui fait qu’il est presque certain que les compréhensions de ses composants, c’est-à-dire le rythme, le battement et le mètre, seront négligées.

En tant que professeurs de musique, nous nous heurtons à un malentendu provoqué par l’utilisation commune mais trompeuse du mot battement. Une partie de la solution consiste à s’assurer que notre enseignement va au-delà du vocabulaire, et inclut l’application et l’expérience. Définir le battement comme la pulsation régulière de la musique ne fait qu’engager l’intellect dans l’apprentissage du concept – il ne développe pas la compréhension plus profonde qui vient de l’expérience du battement tout en étant conscient de ce qui est expérimenté, et de la manipulation du battement avec des actions créatives et interprétatives, qui fournit la pertinence et une compréhension encore plus profonde. Voici comment cela pourrait se passer dans une classe. Tout d’abord, l’enseignant a appris aux élèves ce que sont le battement, le rythme et le groove, afin qu’ils puissent les définir. Il s’agit de la partie intellectuelle de l’apprentissage d’un concept, et elle doit venir en premier. Ensuite, les élèves peuvent entendre le professeur de musique jouer un motif rythmique répété, facilement reconnaissable par les élèves. L’enseignant joue ensuite le même motif rythmique répété, mais à un tempo différent, et demande aux élèves lesquels des trois éléments, battement, rythme et groove, ont changé ? L’activité est ensuite répétée, mais avec les élèves qui jouent le motif sur des percussions corporelles ou des instruments rythmiques. Chaque fois que le rythme change, le groove est affecté. Le groove ne doit pas être confondu avec le style. Le funk est un style, pas un groove. Le groove du funk est l’effet des rythmes et des battements caractéristiques du style funk. Cet affect changera toujours lorsque le rythme ou le battement est modifié, donc le groove peut changer même si le style ne change pas.

Lorsqu’un élève dit qu’une chanson a un battement qu’il aime, c’est très probablement au groove qu’il fait référence. Rediriger la conversation sur le groove ouvre la possibilité de découvrir quelle combinaison de rythme et de battement a créé le groove que l’élève aime, et présente des opportunités créatives pour les élèves d’explorer le bricolage du rythme et du battement séparément pour modifier le groove. Les élèves ont tendance à être profondément ancrés dans un petit nombre de rythmes qui se répètent dans la musique qu’ils écoutent. Créer de nouveaux rythmes qui produisent un groove identique ou similaire leur permet d’élargir leur appréciation de la musique et les fait passer du statut de consommateurs de musique à celui de créateurs de musique, une étape importante dans l’apprentissage de la musique. Les élèves doivent arriver à comprendre que les auteurs-compositeurs ont à leur disposition le battement, le rythme et la pulsation qu’ils peuvent manipuler comme ils le souhaitent, et que les résultats de ces décisions créatives sont un groove et/ou un style particulier, et sont très liés à l’intention expressive du créateur de musique.

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