Feature12 Sep 2020

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La fédération française d’athlétisme – FFA – fête son 100e anniversaire cette année, mais les réalisations des athlètes français s’étendent sur de nombreuses décennies de plus, car le pays a été l’un des premiers à embrasser notre sport d’une manière que nous pourrions reconnaître actuellement.

Durant la première partie du 19ème siècle, des courses pédestres professionnelles ont été organisées en France, souvent entre les serviteurs des nobles à des fins de paris, mais la première réunion d’athlétisme enregistrée qui serait reconnaissable aujourd’hui a eu lieu à St Servan, en Bretagne, en 1866.

Le premier club connu de France, consacré purement à la course à pied, a été créé à Paris en 1875 et le célèbre Racing Club de France, qui comptait en son sein des athlètes de toutes disciplines, a vu le jour sept ans plus tard.

« La première réunion (internationale) sur notre territoire a eu lieu en 1886 à Croix-Catelan (à Paris) et comprenait des Belges et des Anglais ainsi que des Français », selon le site de la FFA. « Le programme comprenait : 100m, 400m, 1500m et 120m haies. On peut considérer que c’est la naissance de l’athlétisme (moderne) en France. Les sauts et les lancers n’apparaîtront qu’en 1892. »

Les premiers championnats de France se déroulent en 1888 sous l’égide d’une organisation multisports qui devient l’année suivante l’Union des Sociétés Françaises de Sports Athlétiques (USFSA). Ce sera l’organe directeur du sport en France – et l’organisation affiliée à la Fédération internationale d’athlétisme amateur lors de sa fondation en 1912 – jusqu’à l’inauguration de la FFA le 20 novembre 1920.

Bien sûr, dominant les débuts de l’histoire de l’athlétisme en France, il y a la figure du baron Pierre de Coubertin, le fondateur des Jeux olympiques modernes.

Sans surprise, la France était bien représentée lors de sa toute première édition en 1896 et l’a été depuis, l’un des quatre pays seulement à avoir des athlètes à tous les Jeux olympiques.

Alexandre Tuffere a l’honneur d’être le premier médaillé olympique de son pays lorsqu’il a terminé deuxième dans la toute première épreuve à être décidée sur le programme d’athlétisme de 1896, le triple saut. Bien qu’il n’y ait pas eu de vainqueurs français à Athènes, quatre ans plus tard sur le sol national à Paris, Michel Theato a été victorieux dans le marathon pour devenir le tout premier médaillé d’or olympique de la France.

Les succès de l’athlétisme français sur la scène mondiale et continentale se sont poursuivis depuis.

Jean Bouin était une figure emblématique de la course de fond qui a remporté des médailles aux Jeux olympiques de 1908 et 1912 et établi trois records du monde officiels avant d’être tragiquement tué dans les premiers mois de la Première Guerre mondiale en septembre 1914.

Hannes Kolehmainen mène la finale du 5000m des Jeux olympiques de 1912 devant Jean Bouin et George Hutson

La fin des années 1920 et le début des années 30 sont également une période faste pour la course de fond française avec Boughera El Ouafi qui remporte le marathon des Jeux olympiques de 1928 et Jules Ladoumegue, médaillé d’argent du 1500m aux mêmes Jeux à Amsterdam, qui établit des records du monde sur 1000m, le mile, 1500m et 2000m.

Les Françaises ont commencé à se faire un nom sur la scène internationale immédiatement après la Seconde Guerre mondiale et Micheline Ostermeyer a réalisé un doublé au lancer du poids et du disque aux Jeux olympiques de 1948.

Toutefois, la prochaine superstar mondiale des Bleus était Alain Mimoun, qui a eu une série de duels mémorables avec le légendaire Emil Zatopek avant de finalement décrocher l’or olympique au marathon de 1956.

Mimoun était également un formidable coureur de cross-country et a remporté le titre international de cross-country – l’ancêtre des championnats du monde de cross-country – à quatre reprises.

En 1999, le magazine français Athlétisme Magazine – détenteur d’une plaque du patrimoine mondial de l’athlétisme – a élu Mimoun comme « athlète français du 20e siècle ».

Mémoire de l'athlétisme français

Tournez légèrement l’horloge vers les années 1960 et, une fois encore, les projecteurs sont braqués sur un coureur superlatif en la personne de Michel Jazy.

Jazy – qui, par coïncidence, avait partagé une chambre avec Mimoun à Melbourne – s’est fait connaître sur la scène internationale lorsqu’il a remporté la médaille d’argent du 1500 m en battant le record de France derrière Herb Elliott lors de la course victorieuse de l’Australien aux Jeux olympiques de Rome en 1960.

Il a ensuite remporté le 1500m et le 5000m aux Championnats d’Europe de 1962 et 1966 respectivement, mais a également acquis une renommée mondiale pour ses courses contre la montre, établissant neuf records du monde sur diverses distances, dont un mile en 3:53,6 en 1965.

Dans la bonne affaire, Jazy a établi un nombre étonnant de 49 records nationaux entre 1959 et 1966.

Coureur français de demi-fond Michel Jazy

Les années 1970 voient l’émergence du charismatique hurdler Guy Drut, qui remporte le titre européen du 110 m et établit trois records du monde l’année suivante avant de triompher également des barrières aux Jeux olympiques de Montréal en 1976.

La France a historiquement aussi sa part de sprinteurs super rapides – pensez à l’ancien recordman du monde du 100 m Roger Bambuck qui a couru 10.0 en 1968 et à Jimmy Vicaut, actuel co-détenteur du record d’Europe du 100 m avec 9.86 – et ils ont montré leur talent lors des Championnats d’Europe de 1990 lorsque Max Morinière, Daniel Sangouma Jean-Charles Trouabal et Bruno Marie-Rose ont combiné pour afficher un record du monde du 4×100 m de 37.79, la première fois en presque 22 ans que la norme n’était pas en possession des États-Unis.

Dans les années 1990, la France a également produit de nombreuses sprinteuses exceptionnelles, notamment la triple médaillée d’or olympique Marie-Jose Perec et Christine Arron, dont le temps gagnant de 10.73 aux Championnats d’Europe de 1998 reste à ce jour un record continental.

Marie-José Perec

Au 21e siècle, le recordman français le plus prolifique a été le marcheur Yohann Diniz, qui a établi le record mondial actuel du 50 km en 3:32.33 en remportant le titre européen 2014, sa troisième couronne continentale sur cette distance à laquelle il ajoutera un record du monde sur 20 km l’année suivante et un titre mondial 2017 sur la plus longue distance.

Cependant, aucune brève histoire et célébration des succès de l’athlétisme français ne serait complète sans une mention de leur phénoménale tradition dans le saut à la perche.

Fernand Gonder a lancé la tendance avec trois records du monde en 1904 et 1905 suivis d’une victoire aux Jeux intercalaires de 1906.

Yohann Diniz en passe de remporter le 50 km marche athlétique

Thierry Vigneron a établi cinq records du monde dans une période effrénée entre 1980 et 1984, tandis que Philippe Houvion et Pierre Quinon ont également un saut record du monde chacun durant cette période, ce dernier remportant la médaille d’or aux Jeux olympiques de 1984.

Jean Galfione a ajouté un autre titre olympique de saut à la perche au rôle d’honneur français en 1996 tandis que Renaud Lavillenie a remporté la médaille d’or des Jeux olympiques de 2012, trois titres européens extérieurs successifs entre 2010 et 2014 et a battu le record du monde de Sergey Bubka qui tenait depuis 21 ans lorsqu’il a franchi 6.16m en salle en février 2014, prélude à ce qu’il devienne le seul athlète français de tous les temps à être élu athlète mondial de l’année plus tard en 2014.

Phil Minshull pour World Athletics

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