Automutilation du pénis

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Les comportements d’automutilation, d’auto-mutilation ou d’autodestruction sont définis comme la destruction délibérée de tissus corporels sans intention suicidaire consciente (Référence FeldmanFeldman, 1988). Une autre définition du comportement d’automutilation est l’automutilation physique directe et répétitive qui ne met manifestement pas la vie en danger (Référence Herpertz-Herpertz, 1995). D’autres termes comme auto-agression, accidents intentionnels et suicide focal sont également utilisés. Les trois types de comportements d’automutilation les plus fréquemment rapportés sont l’auto-coupure de la peau, l’auto-mutilation oculaire et l’auto-mutilation génitale (Référence FeldmanFeldman, 1988). Dans l’étude de Greilsheimer & Groves (Référence Greilsheimer et Groves1979), la majorité des cas d’automutilation génitale masculine présentaient une psychose. Les cas d’automutilation génitale non psychotique incluent des hommes souffrant de troubles du caractère et de transsexualité. De nombreux patients semblaient influencés par des facteurs religieux, tels que des croyances impliquant une culpabilité sexuelle. Meninger (Référence Meninger1935) considérait la circoncision chez les Juifs comme une « substitution pratique » du prépuce à l’ensemble des organes génitaux. En Inde, nous n’avons pas encore rencontré de rapport d’auto-amputation du pénis.

Un homme de 24 ans a été référé par un service de chirurgie pour une évaluation psychiatrique après s’être sectionné le pénis avec un couteau. Il venait d’un milieu rural agricole et avait reçu quatre années d’éducation formelle (jusqu’à 8 ans). Dès l’enfance, il était préoccupé par les questions religieuses et était toujours prêt à renoncer aux gains matériels pour améliorer le sort de son prochain. À l’âge adulte, il a décidé d’adopter une véritable vie religieuse après avoir décidé de renoncer à la vie de couple et à une famille à lui. Il est devenu populaire dans son village et les gens venaient à lui pour demander ses bénédictions et ses conseils. Il voulait remplir toutes les obligations pour atteindre le Moksha (salut). Sa démarche extrême d’automutilation du pénis allait dans le même sens, car il ne voulait pas que des pulsions sexuelles le dérangent sur la voie du salut. Il n’avait pas d’antécédents familiaux ou antérieurs de maladie psychiatrique, de maladie chronique ou de toxicomanie. À l’examen de son état mental, le patient était un individu agréable et poli. Le rapport était facilement établi. Il n’y avait aucun signe de trouble de la pensée, de dépression ou d’anomalie de perception. Son orientation, sa mémoire et d’autres fonctions mentales supérieures étaient également normales. Son explication de l’automutilation du pénis était qu’il ne voulait pas succomber à une quelconque tentation sexuelle qui pourrait obstruer son chemin vers le salut.

Le cas est rare car il ne présentait aucune maladie psychiatrique sous-jacente. Son idée survalorisée selon laquelle la vie sexuelle ou conjugale est contradictoire avec la vie religieuse n’est pas non plus compatible avec l’hindouisme. Le sujet n’avait pas de préoccupations sexuelles mais dans son appréhension pour se sauver de toute tentation sexuelle à venir, il a pratiqué l’automutilation du pénis.

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